lundi 15 septembre 2014

l'Armorial de La Planche - 1669 - Gouvernement de Guyenne - Sénéchaussées du Bazadois et des Landes

 S   uite de la visite d'un des plus anciens manuscrits répertoriant des armoiries de villes et de villages de France, dessinées à la plume et peintes à l'aquarelle, antérieur de trois décennies  à l'Armorial Général de France de Charles d'Hozier !
 Voir la description initiale : →

Nous poursuivons avec la découverte du Gouvernement Général de Guyenne. Nous l'avons abordé la dernière fois, il est composé de nombreux anciens duchés ou comtés rattachés les uns après les autres au royaume de France, le tout dernier étant le Béarn, acquis en 1620 par un Édit de Louis XIII.  Ces entités administratives du royaume sont découpées en généralités et en sénéchaussées (pour le sud du pays).  Nous allons parcourir cette fois deux de ces sénéchaussées :  le Bazadois et les Landes de Gascogne, nommées curieusement "Lannes" sur le manuscrit, cette dernière incorporant la partie maritime du Pays Basque : une partie du Labourd et Bayonne, et jusqu'à la frontière de l'Espagne.

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 Voici l'extrait d'une carte datant de la fin du XVIIIe s. , donc postérieure d'un siècle, mais sur laquelle j'ai reconstitué les limites administratives de notre région :



Vous pouvez cliquer sur les images pour les agrandir
 Les fragments de manuscrits proviennent toujours du Volume II. Pour enrichir l'étude, j'ai mis en bonus l'extrait équivalent dans l'Armorial Général de France*  (1696-1711), établi par Charles-René d'Hozier, et comme auparavant, j'ai placé le blason actuel en-dessous, pour comparer les différences ou au contraire la constance des figures dans le temps.

(*) Armorial Général de France - volume XIII - Guyenne - Généralité de Bordeaux (BNF Paris)



Bazas (Gironde)

Bazas, dont le nom vient du peuple des Vasates qui occupait la région avant la conquête romaine, était le siège d'un ancien évêché jusqu'à la Révolution. Sa magnifique cathédrale gothique, une des plus belles et pourtant peu connue, du Sud-Ouest est dédiée à Saint-Jean-Baptiste. C'est donc la scène de son martyre : la "décollation", c'est le terme exact dans l'hagiographie du saint, que nous voyons : discrète dans le premier blason du XVIIe siècle où la porte fortifiée est le sujet principal, plus démonstrative dans le dessin de l'A.G.F. et l'actuel blason, inchangé depuis son rétablissement en 1817 par lettre patente de Louis XVIII, avec le rajout du chef fleurdelisé.
Le geste du bourreau armant son sabre vers le cou tendu de sa victime, agenouillée et en prière est presque un instantané photographique. Une image réellement impressionnante, qui, au vu de l'actualité récente, au Moyen-Orient, peut mettre mal à l'aise. Pour une fois, je ne reprocherai pas à la municipalité de Bazas, de préférer un emblème plus accueillant et représentatif de cette jolie petite ville gasconne. Mais avec saint Jean-Baptiste, les images de son martyre dans l'iconographie sont en général, souvent très "gore". Toutefois, la plupart du temps, il est représenté en pasteur accompagné d'un agneau.



Langon (Gironde)

Comme la dernière fois avec Cadillac et mieux encore ici: nous reconnaissons les armes pleines des Comtes de Foix. Car, comme Cadillac, Langon était une des seigneuries de Jean II de Grailly, captal de Buch, vicomte de Bénauges et Castillon, seigneur de Puy-Paulin et de Castelnau (en Médoc) qui avait épousé en 1328,  Blanche de Foix, fille de Gaston Ier, comte de Foix et de Béarn (ancêtre de Gaston Fébus) et de Jeanne d’Artois.



Dax (Landes)

Acqs est une ancienne graphie du nom de la ville, qui vient bien sûr du latin "aqua" (eau). Dax est depuis longtemps une ville thermale réputée pour ses sources d'eaux chaudes. Sur le blason de la ville de Dax figurent une tour représentant la ville médiévale fortifiée, un lion (symbole de l'Aquitaine) et la rivière ondée, une représentation du fleuve l'Adour. Le nom médiéval de la ville « ACQS »  dérivé du bas-latin : « CIVITAS DE AQVIS» deviendra successivement "Acqs", "d'Acqs", puis enfin Dax. En gascon, le nom de la ville s'écrit "Dacs".




Bayonne (Pyrénées-Atlantiques)

Officialisées en 1919, les armoiries actuelles de Bayonne sont donc connues depuis le XVIIe siècle.
Les éléments proviennent de symboles plus anciens: fortifications (tour), passage de la souveraineté anglaise au royaume de France en 1451 ( fleur de lys, léopards transformés en lions rampants).
 Au cours des conflits sporadiques qui agitent les campagnes françaises du milieu du XVIIe siècle (les jacqueries), les paysans de Bayonne se trouvent à court de poudre et de projectiles. Ils fichent leurs longs couteaux de chasse dans les canons de leurs mousquets, confectionnant des lances improvisées que l'on appellera par la suite : "baïonnettes".
 C'est cette arme improvisée qui va faire par la suite, et encore récemment, une longue carrière et beaucoup de dégâts dans les armées régulières, lors des charges d'homme à homme. Elle figure comme armes parlantes sur le blason répertorié dans l'Armorial Général de France. Le dessin ressemble plutôt à une dague, ou un poignard, et est à classer parmi toutes ces nombreuses et déconcertantes attributions "d'office" que les assistants de M. d'Hozier créaient quand la ville n'avaient répondu à l'obligation de fournir ses véritables armoiries pour leur enregistrement, selon les termes de l'Édit de 1696.



Aire - sur - l'Adour (Landes)

Aire était au XVIIIe s. et jusqu'à encore récemment, le siège d'un évêché et sa cathédrale est dédiée elle aussi à Saint-Jean-Baptiste, c'est pourquoi il figure sur le blason de cette époque, en pasteur tenant une croix en guise de crosse. Mais c'est en fait le blason du diocèse d'Aire.
Tombées dans l'oubli pendant de nombreuses années, après la Révolution, les vraies armes de la ville sont redécouvertes en 1863 sur un ancien sceau et sont rétablies comme nous les voyons ci-dessus.  Un autre blason avait vu le jour en 1812 sous le 1er Empire: "d'or au pin de sinople accosté d'un lion gueules". Car, pendant la Restauration, l'ancien blason à la fleur de lis en chef, n' a pas été rétabli, comme l'avaient pourtant fait tant d'autres villes et ainsi celui créé en 1812 avait poursuivi sa carrière.
 source textuelle : Société Historique de Gascogne, Revue de Gascogne vol. n°5 (1864)



D'autres lieux ou villes sont juste décrits par le texte,

 • sénéchaussée du Bazadois :

- avec un contour de blason vide, sans description  : La Réole.
- sans blason ni mention s'y rapportant : Villandraut, Monségur, Sainte-Bazeille (dépt du Lot-et-Garonne), Sauveterre (-de-Guyenne), Caudrot.

# cependant, quelques années plus tard, certains lieux (en gras, ci-dessus) ont été enregistrés et blasonnés dans l'Armorial Général de France :

La Réole, commune
(Gironde)

les deux blasons alternatifs de la commune de Villandraut (Gironde)


 • sénéchaussée des Landes :

- avec un contour de blason vide, sans description  : Saint-Sever, Saint-Jean-de-Luz *
- sans blason ni mention s'y rapportant : Hastingues, Peyrehorade, Guiche, Bidache, Momuy, Pimbo, Arsagues, Mugron, Geaune, Hagetmau, Montaut.


# cependant, quelques années plus tard, certains lieux (en gras, ci-dessus) ont été enregistrés et blasonnés dans l'Armorial Général de France :


Saint-Sever, commune
(Landes)

Saint-Jean-de-Luz, ville
  (Pyrénées-Atlantiques)

(*) on remarquera pour Saint-Jean-de-Luz , que c'est bien le blason que porte la ville, encore aujourd'hui. Mais dans l'A.G.F., il est attribué à une personne physique, en l’occurrence le "bayle" ou  "bailli" , qui était le représentant du pouvoir royal dans la cité : erreur ou ego démesuré du personnage ?

Mugron, commune
(Landes)

commune de Montaut, (Landes), ancien et nouveau blason


 # et pour être complet avec l'Armorial Général de France, on peut encore rajouter ces dernières villes appartenant à la province des Landes et qui n'ont pas été mentionnées dans le manuscrit de La Planche :
Capbreton, Doazit, Urrugne et le pays du Labourd  (ces blasons sont toujours d'actualité).

Capbreton, commune
 (Landes)

Doazit (Landes)

Urrugne, pays du Labourd
  (Pyrénées-Atlantiques)



A bientôt pour une nouvelle série ... →


Crédits :
parmi les blasons "modernes" certains sont empruntés et parfois modifiés à :
Blasons des communes de la Gironde, de Jean-Jacques Déogracias ( éd Les Dossiers d'Aquitaine - 2003)
http://armorialdefrance.fr/
http://labanquedublason2.com/ (dessins :  Jean-Paul Fernon)
http://armoiries.free.fr/
 Et je remercie particulièrement les personnes responsables de la Bibliothèque et des Archives du Musée du Château de Chantilly :  http://www.bibliotheque-conde.fr/


             Herald Dick
 

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