samedi 28 février 2015

Top 10 des plus grandes villes de la République Tchèque avec leurs blasons

 Voici une nouvelle série consacrée à la découverte de l’héraldique civique, à travers divers pays du Monde. Le principe du "Top xx"  est très répandu dans les médias et sur Internet, pour recenser ce qui est le plus remarquable dans un domaine particulier. Je l'ai donc adapté à ce nouveau sujet qui nous permettra à la fois de découvrir ou réviser la géographie d'un pays choisi de manière aléatoire et dans le même temps de s'intéresser à sa diversité en matière de blasons ou emblèmes municipaux.

 Je poursuis par un nouveau pays d'Europe qui aime l'Héraldique : la République Tchèque.




Voici donc les 10 plus grandes villes en terme de population, en-dehors des agglomérations (chiffres : estimations fin 2013).





1 - PRAGUE / Praha

capitale de la République Tchèque et capitale (chef-lieu) de la région de Prague - 1 246 780 habitants









2 - BRNO 

ancien nom : Brünn
capitale (chef-lieu) de la région de Moravie du Sud - 378 327 habitants











3 - OSTRAVA 

ancien nom : Mährisch Ostrau
capitale (chef-lieu) de la région de Moravie-Silésie - 297 421 habitants










4 - PLZEŇ 

ancien nom : Pilsen
capitale (chef-lieu) de la région de Plzeň - 167 472 habitants











5 - LIBEREC

ancien nom : Reichenberg
capitale (chef-lieu) de la région de Liberec - 102 113 habitants










6 - OLOMOUC

ancien nom : Olmütz
capitale (chef-lieu) de la région d'Olomouc - 99 471 habitants









7 - ÚSTÍ NAD LABEM

ancien nom : Aussig
capitale (chef-lieu) de la région d'Ústí nad Labem - 93 747 habitants










8 - ČESKÉ BUDĚJOVICE

ancien nom : Böhmisch Budweis
capitale (chef-lieu) de la région de Bohême du Sud - 93 467 habitants










9 - HRADEC KRÁLOVÉ

ancien nom : Königgrätz
capitale (chef-lieu) de la région de Hradec Králové - 93 035 habitants











10 - PARDUBICE

ancien nom : Pardubitz
capitale (chef-lieu) de la région de Pardubice - 89 467 habitants









- On aura remarqué et reconnu au passage, dans ces quelques blasons :
• le lion d'argent à queue fourchue, couronné, armé et lampassé d'or, sur champ de gueules de l'ancien Royaume de Bohême.
• l'aigle échiquetée d'argent et de gueules, becquée,  membrée et couronnée d'or sur champ d'azur des anciens Margraves de Moravie.
• l'utilisation fréquente des murs, portes de ville et tours de fortifications, que l'on nomme improprement "châteaux" y compris dans le langage héraldique. Ils sont une caractéristique récurrente de l'héraldique municipale en Europe centrale, héritée des anciens sceaux de villes qui circulaient au Moyen-Âge (voir un de mes anciens articles ici →

- Le blasonnement des armes de Brno, d'apparence fort simples, pose un problème.
On ne peut pas parler de "fascé" car la première fasce est réduite à la moitié de la hauteur des autres. N'ayant pas trouvé la description héraldique officielle, je propose : "de gueules à la fasce d'argent abaissée et au chef diminué de moitié, du même".

- Pour finir, je vous promets un jour de décrypter l'énigmatique blason de Plzeň, avec les clés, la demi-aigle tenue par le chevalier en armure, le chameau et le lévrier, sans oublier l'écusson central qui comporte encore d'autres personnages ... un résumé imagé de l'histoire de cette ville.




Si vous désirez en savoir plus sur le pays : la République Tchèque et ses emblèmes, c'est → ICI


A bientôt , pour un nouveau pays ... → ICI
Et pour revoir le pays précédent ... → ICI



          Herald Dick











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mercredi 25 février 2015

l'Armorial de La Planche - 1669 - Gouvernement de Guyenne - Sénéchaussée du Rouergue

 S   uite de la visite d'un des plus anciens manuscrits répertoriant des armoiries de villes et de villages de France, dessinées à la plume et peintes à l'aquarelle, antérieur de trois décennies  à l'Armorial Général de France de Charles d'Hozier !  Voir la description initiale : →

Nous poursuivons avec la découverte du Gouvernement Général de Guyenne. Nous l'avons abordé les dernières fois, il est composé de nombreux anciens duchés ou comtés rattachés les uns après les autres au royaume de France, le tout dernier étant le Béarn, acquis en 1620 par un Édit de Louis XIII.  Ces entités administratives du royaume sont découpées en généralités et en sénéchaussées (pour le sud du pays). Nous allons découvrir le onzième chapitre de ces sénéchaussées : le pays du Rouergue, composé des anciens Comtés du Rouergue et de Rodez, dépendances des Comtes de Toulouse avant le rattachement à la couronne de France. Cet ensemble géographique correspond globalement au département actuel de l'Aveyron, augmenté d'un petit territoire dans le Tarn-et-Garonne : le canton de Saint-Antonin-Noble-Val.

  Revenir à l'épisode précédent →


Voici l'extrait d'une carte datant de la fin du XVIIIe s. , donc postérieure d'un siècle, mais sur laquelle j'ai reconstitué les limites administratives de notre région :
 Vous pouvez cliquer sur toutes les images pour les agrandir











Les fragments de manuscrits proviennent toujours du Volume II. Pour enrichir l'étude, j'ai mis en bonus l'extrait équivalent (quand il existe) dans l'Armorial Général de France*  (1696-1711), établi par Charles-René d'Hozier, et comme auparavant, j'ai placé le blason actuel en-dessous, pour comparer les différences ou au contraire la constance des figures dans le temps.

(*) Armorial Général de France - volume XIV -  Languedoc - 1ère partie
   Armorial Général de France - volume XV - Languedoc et Roussillon - 2e partie ( BNF Paris)

Rodez (Aveyron)

 Le blason de Rodez est basé sur des armes parlantes : roues = rodas en occitan. Le chef aux fleurs de lis a été accordé en 1596 par le roi Henri IV. Il n'en demeure pas moins que les figures circulaires sensées être des roues sont passées par tous les états : on trouve des roues pleines d'or comme actuellement, parfois des roues à rayons (Wikipédia), ou encore des annelets, selon Robert Louis, expliquant que ce sont des "bandages de roues", ou bien de simples besants d'or, comme avec d'Hozier, ci-dessus, toujours au nombre de trois, mais avec en plus une partition verticale ! Et enfin, plus surprenant encore : nous trouvons encore des meules d'argent, comme le décrit ci-dessus Pierre de La Planche. Autant de variétés pour des figures devant illustrer de simples roues en font un cas exceptionnel d'errance héraldique à travers les siècles !




Millau (Aveyron)

En 1185, Alphonse II, roi d'Aragon, donne en apanage à son second fils Alphonse II Béranger, le comté de Provence et la vicomté de Millau. Et en 1187, il concède à la ville le droit de porter les armes d'Aragon. Voila pourquoi, la ville de Millau a pour armoiries un écu d'or à quatre pals de gueules. Cette date extrêmement ancienne de 1187 en ferait le plus ancien blason municipal connu dans l'histoire de l'Héraldique. Quand la vicomté fut rattachée à la Couronne de France, en 1258, la ville de Millau augmenta ses armoiries d'un chef d'azur à trois fleurs de lys d'or. La ville perpétue donc depuis plus de 760 ans, sur son blason, les couleurs de l'Aragon et de la France, jusqu' à aujourd'hui :  un record de constance vraiment exceptionnel.
  L'auteur du manuscrit s'est toutefois trompé en dessinant le blason de Millau avec seulement trois pals de gueules sur champ d'or, ce qui correspond en fait au blason du Comté de Foix ! La confusion entre les deux : Foix et Aragon est assez fréquente ...
  Par ailleurs, vous pouvez constater sur le manuscrit une ancienne dénomination de la ville, écrite : Milhaud.



Villefranche - de - Rouergue  
(Aveyron)

C'est une évidence, le Père de La Planche n'avait plus de rouge ! le marchand de couleurs du quartier était sans doute fermé et il est passé à autre chose ... et puis il a finalement oublié de finir le travail, ou un évènement l'a empêché de le faire. Bien sûr ce n'est qu'un scénario , mais on peut y croire, n'est-ce-pas ?




[_)-(_]

D'autres lieux ou villes sont juste décrits par le texte, sans blason ni mention s'y rapportant :

- avec un contour de blason vide, sans description : Saint-Antonin (-Noble-Val), (dépt du Tarn-et-Garonne), Vabres, Saint-Affrique.
- sans blason ni mention s'y rapportant :  Le Pont de Camarès, Saint-Ysery (Saint-Izaire ?), Saint-Georges, Roquefort, Creissels, Compeyre, Saint-Rome-de-Tarn, Saint-Sernin (-sur-Rance), Sauveterre (-de-Rouergue), Roupeyroux (Rieupeyroux), Peyrusse, Marcillac, Najac, Villecomtal, Entraygues (-sur-Truyère), Saint-Geniez (-d'Olt), Aubrac.

# cependant, quelques années plus tard, certaines villes (en gras, ci-dessus) ont été enregistrées et blasonnées dans l'Armorial Général de France; certains de ces blasons sont toujours d'actualité aujourd'hui, à quelques détails près, d'autres, au contraire ont été remplacés. :

Saint - Antonin - Noble - Val
(Tarn -et- Garonne)



Vabres - l'Abbaye (Aveyron)


Saint -Affrique (Aveyron)


Camarès (Aveyron)


Roquefort -sur- Soulzon
(Aveyron)


Compeyre (Aveyron)


Saint - Rome -de- Tarn
(Aveyron)


Saint - Sernin -sur- Rance
(Aveyron)


Sauveterre -du- Rouergue
(Aveyron)


Rieupeyroux (Aveyron)


Marcillac - Vallon
(Aveyron)


Peyrusse - le Roc (Avayron)


Najac (Aveyron)



Saint - Geniez - d'Olt
(Aveyron)



 # et pour être complet avec l'Armorial Général de France, on peut encore rajouter ces dernières villes ainsi qu'une communauté religieuse appartenant à la province du Rouergue, et qui n'ont pas été mentionnées dans le manuscrit de La Planche :
Espalion, Sévérac-le-Château, Conques, Saint-Côme-d'Olt, Salles-Curan, La Salvetat-Peyralès, Maleville et Brusque.


Espalion (Aveyron)


Sévérac - le Château
(Aveyron)


Conques (Aveyron)

commune de Saint - Côme
- d'Olt (Aveyron)



Salles - Curan (Aveyron)

La Salvetat - Peyralès
(Aveyron)

Maleville (Aveyron)

Brusque (Aveyron)


  Un très grand nombre d'autres villages de la région, nommés "communautés des habitants" (Com. des hañs) dans les registres de l'Armorial Général de France ont été identifiés et enregistrés avec des armoiries la plupart attribuées d'office. Il serait fastidieux de les lister tous ici, d'autant que certaines localités ont été absorbées par les nouvelles communes constituées après la Révolution. Toutefois vous pouvez vous amuser à les rechercher dans les ouvrages numérisés chez Gallica, dont je donne les liens ci-dessous, et accessoirement aussi dans les très intéressantes fiches listées département par département sur le site : armorial de france.fr



A bientôt pour une nouvelle série ... →


Crédits :
les blasons "modernes" sont empruntés  à :
http://armorialdefrance.fr/


  Et je remercie particulièrement les personnes responsables de la Bibliothèque et des Archives du Musée du Château de Chantilly :  http://www.bibliotheque-conde.fr/


             Herald Dick