samedi 10 octobre 2015

Les blasons de la mythologie et de l'histoire antique #03 : Hercule et les Triballes

 Suite de la série consacrée aux personnages de la mythologie : grecque, romaine, moyen-orientale, asiatique, etc.. ainsi qu'aux acteurs ou héros de l'Histoire antique et du haut Moyen-Âge (période antérieure à l'an 1000) auxquels ont été attribué des armoiries dans les manuscrits ou armoriaux médiévaux et renaissance. Revoir l'épisode précédent  →


Le Blason des Armoiries par Hiérosme / Jérôme de Bara (extrait) - édition : Barthelemi Vincent, 1581 - Google Books (https://books.google.fr/)

HERCULE
- blason selon Jérôme de Bara : "De pourpre à une hydre à sept têtes d'argent, enrichie, ornée, ou ombrée de sinople, armée de gueules".

Hercule, dans la mythologie romaine est un demi-dieu et héros à la force et au courage légendaires. La légende d’Hercule, dont le nom est la forme latinisée d'Héraclès, emprunte la plus grande partie de ses épisodes à celle de son prédécesseur grec. Cependant, d’autres récits sont propres à la figure romaine du héros.

○ Les douze travaux et autres aventures empruntées à Héraclès :
Tous les épisodes de l’histoire d’Héraclès se retrouvent dans la légende herculéenne. Hercule est ainsi le fruit d’une aventure de Jupiter (Zeus chez les Grecs) avec la princesse de Mycènes Alcmène. Après avoir tué sa femme et ses enfants sous le coup d’une crise de folie déclenchée par Junon (Héra chez les Grecs), il doit se soumettre, tout comme Héraclès, à l’épreuve des douze travaux imposée par son cousin Eurysthée en guise d’expiation. Il réussit brillamment chacun des travaux, et surmonte également tous les dangers rencontrés en chemin.

○ Légendes particulières :

Hercule possède quelques traditions personnelles. La légende raconte ainsi qu’il tue le roi Faunus qui, ayant pour habitude de sacrifier les étrangers aux dieux, tente de s’en prendre à lui. Il affronte également le brigand Cacus, fils du dieu Vulcain, doté de trois têtes et crachant du feu. Celui-ci profite du repos d’Hercule pour dérober une partie du troupeau volé au géant Géryon. Il dissimule son méfait en usant d’un stratagème : il tire les bêtes par la queue pour les faire pénétrer à reculons dans sa caverne afin que leurs traces ne trahissent pas son geste. Hercule le démasque et le tue de sa massue. La légende raconte qu’après avoir terrassé Cacus, Hercule assoiffé se voit empêché de se désaltérer à une source sacrée par des femmes célébrant les mystères de la déesse Bona Dea. Pour se venger, il décrète que les femmes n’auront pas le droit d’accéder à son sanctuaire.
Hercule et l'Hydre, tableau d'Antonio del Pollaiolo (1470) - Musée des Offices - Florence (Italie)
  
La disparition de Cacus vaut à Hercule la bienveillance du roi Évandre, qui l’accueille dans son palais sur le mont Palatin, à l’emplacement de la future cité de Rome. Le souverain élève alors un autel en son honneur. Selon la tradition, ce sanctuaire serait l’Ara Maxima situé du Forum Boarium, à Rome.
Badge héraldique du porte-avions  HMS Hercules
de la Royal Navy (Royaume-Uni), 1945/1961
(vendu à la marine indienne )

○ Symbole de force et de courage insurpassables, Hercule voit son culte s’étatiser en 312 av. J.-C. Au fil de l’histoire, les empereurs romains, notamment Néron et Commode, s’identifient à lui et font de sa figure l’emblème du pouvoir impérial.



Hercule dans l'emblème officiel de la
Communauté autonome d'Andalousie (Espagne)
Hercule dans les armoiries officielles
 de la ville de Cadix en Andalousie (Espagne)

Hercule dans les armoiries
 de la ville de Policoro en Basilicate (Italie)  

○ Hercule est un personnage abondamment représenté, tant dans l’art antique que dans l’art occidental à partir de la Renaissance. Il apparaît communément comme un homme en pleine force de l’âge, à la musculature développée, habituellement vêtu d’une simple peau de lion. La massue est l’un de ses principaux attributs. Dans l’art romain, Hercule apparaît sur des mosaïques, des fresques et des sculptures d’ornementation sur les sarcophages. Sont mises en scène les diverses aventures qui peuplent son histoire ; le cycle des douze travaux fait l’objet de nombreuses œuvres. Le personnage d’Hercule inspire par ailleurs différents auteurs antiques, dont Sénèque, avec Hercule furieux et Hercule sur l’Œta.



  ?? (armoiries de droite) : 
- blason selon Jérôme de Bara : "D'or, à une hure ou tête de sanglier de sable, armée, et un trait issant de la gueule de celle-ci, d' argent fortifié ou soulevé de gueules."

 Bizarrement, dans le texte, l'auteur ne donne pas de nom au personnage auquel seraient attribuées ces armoiries, ni même de commentaires. Et pourquoi les avoir incluses dans cette série consacrée à la mythologie gréco-romaine ? Car, en effet cette figure ne correspond pas ni un roi ni à une divinité antique, mais elle est connue comme étant les armoiries fictives associées au peuple antique des Triballes (Triballi en latin), qui habitait une région des Balkans au nord de la Macédoine et de la Thrace grecques, nommée "la Mésie" et qui correspond en gros à certaines parties de la Serbie, de la Bulgarie et de la Roumanie actuelles.
○ Les Triballes menacèrent à plusieurs reprises les cités grecques installées sur les côtes adriatiques, égéennes, ou pontiques, qui ne durent leur salut qu'à l'intervention d'Athènes. En 339 avant notre ère, Philippe II, au retour de son expédition contre les Scythes, se vit refuser le passage de l'Istros par les Triballes à moins de partager son butin. Au cours du combat qui s'ensuivit, au résultat indécis, Philippe perdit une partie du butin et fut blessé. Au printemps 335 avant notre ère, après que les Triballes eurent attaqué des garnisons macédoniennes, Alexandre le Grand lança contre eux une grande offensive. Dans cette campagne, nécessaire pour Alexandre car elle lui permit de garantir sa frontière nordique avant son expédition d'Asie, les effectifs engagés furent considérables (plus de 15 000 fantassins et 1 500 cavaliers). Les Triballes, dirigés par le roi Syrmos, furent sévèrement battus et ne se manifestèrent plus par la suite. 
l'Empereur de Serbie dans les Chroniques du Concile
de Constance, par Ulrich Riechental, secrétaire de la
ville de Constance (Souabe, Allemagne), entre 1414 et 1437
armoiries de la Serbie (Servien),  par Johann von Francolin,
 héraut du royaume de Hongrie (v. 1565)

○ Dans un grand nombre d'armoriaux médiévaux et postérieurs, ces armoiries représentent la Serbie médiévale, associée à l'ancienne tribu des Triballes, par les Byzantins notamment qui nommaient les serbes par ce nom générique de Triballi. Plus tard, les nationalistes serbes, tels que Karađorđe (Karageorges) qui se révoltèrent contre l'Empire ottoman entre 1804 et 1815, réutilisèrent ce motif de la hure de sanglier percée d'une flèche, comme symbole sur leurs sceaux. On la trouve encore de nos jours dans bon nombre d'armoiries territoriales de la Serbie (voir ci-dessous). 

armoiries de la ville de Kragujevac (Serbie)
armoiries de ville de Velika Plana (Serbie)


Personnages suivants : → ICI



          heraldos  dicos
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